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Dans le cadre de mon Master 2 relations franco-italiennes, vous trouverez sur ce blog des informations relatives à l'agroalimentaire en général, et plus spécifiquement aux échanges franco-italiens.

Les pratiques alimentaires des consommateurs sont largement déterminées par leurs valeurs, leurs représentations et leur style de vie.
Faire connaître un vin ou un fromage ou une huile d’olive c’est aussi faire découvrir une culture, une histoire, une tradition, et parfois tout un savoir.
Dès lors comment réussir cette connexion entre produits et marchés ?
Comment pénétrer une culture différente, un autre style de vie ?
Comment mobiliser journalistes, relais d’opinion, réseaux de distribution ?

Industrie agroalimentaire et dépendance

Arômes, conservateurs et colorants surchargent nos aliments. Parmi ces molécules, certaines nous font même préférer un produit à un autre. De là à les utiliser pour nous rendre dépendants, il n’y a qu’un pas.
Le gout de Nutella, de Coca-Cola, de McDonald’s ? On le reconnait entre tous. Et pas question de nous proposer une imitation : celle-ci ne tiendrait pas face à nos papilles. Comment ces firmes sont-elles parvenues à nous imposer leur « marque gustative » ? En ajoutant systématiquement dans leurs produits des substances aux goûts spécifiques. Le but est clair : fidéliser leurs clients par le goût. Les industriels n’hésitent plus à se tourner vers les dernières découvertes du neuromarketing, ou comment mettre les connaissances en matière de neurobiologie au service des ventes. Explications.

DES ADDICTIONS HAUTEMENT PROFITABLES
Consommés occasionnellement, ces produits alimentaires ne pose généralement pas de problème. Mais l’attirance de certains produits est renforcée par le gras, le sucré, l’onctuosité ou le craquant incomparables. Ils savent se faire apprécier et désirer, quitte à perturber nos mécanismes internes de régulation de la faim. On peut alors parler d’une certaine forme de « dépendance » gustative. A la clé, le risque de comportements plus ou moins addictifs, qui nous poussent à consommer un aliment sans que nous n’en ayant besoin physiologiquement. Un exemple, celui de la « glucotoxicomania », suivant laquelle les personnes ont un mécanisme de maîtrise des apports alimentaires déréglé et recherchent compulsivement, à force d’y avoir été habituées, des produits fortement sucrés.

DE NOMBREUX MOYENS DE MANIPULATION
« On parle de soumission lorsqu’il y a une intention délibérée de pouvoir agir sur le comportement de quelqu’un », affirment les experts en toxicologie au sujet des drogues données à l’insu de leurs victimes. Peut-on faire un parallèle avec certaines pratiques de l’industrie agroalimentaire, Les ingrédients que les marques ajoutent aujourd’hui à leurs produits ont-ils uniquement pour but de permettre une meilleure conservation, de les colorer ou d’améliorer leur goût ? Ou certains composés ajoutés ont-ils aussi pour but, moins avouable, de rendre dépendants les consommateurs ? Multipliant les analyses par imagerie à résonnance magnétique (IRM) afin d’étudier les réponses cérébrales aux arômes, textures et divers composés ajoutés, certaines marques disposent de moyens de manipulation, outre des méthodes identiques utilisées pour la publicité.

LES FAILLES DU SYSTÈME DE RÉCOMPENSE
Au cœur du phénomène de dépendance se trouve le système cérébral dit de « récompense ». Grâce à lui, nous mangeons et assurons nombre d’autres comportements essentiels à notre survie et à celle de l’espèce humaine. Pour résumer, lorsque nous mangeons, des molécules présentes dans le cerveau, appelés neuromédiateurs, agissent au niveau de différentes structures cérébrales afin que nous éprouvions du plaisir et que nous recommencions en temps voulu. Résultat, nous sommes en quelque sorte « dépendants » vis-à-vis des comportements. Mais cette dépendance est salvatrice, puisque liée à notre maintient en vie ! D’autres molécules peuvent tirer parti de ce système de récompense, parce qu’elles « miment » nos neuromédiateurs naturels. Comme les molécules opiacées, qui nous rendent dépendants aux drogues en contenant. Une dépendance qui n’a plus rien de positif.

DES SUBSTANCES MODIFIANT LE COMPORTEMENT
Quid des produits que l’on pourrait trouver dans l’alimentation ? Parmi les produits chimiques habituellement ajoutés dans les aliments, des substances identifiées pour leurs actions psychoactives, modifiant les comportements, pourraient venir se rajouter à la liste des ingrédients sans être considérées comme des additifs au sens réglementaire. Le chocolat contient ainsi de la théobromine (un alcaloïde pouvant améliorer l’humeur) et de la phényléthylamine (autre alcaloïde pouvant agir également positivement sur l’humeur), à des doses minimes. Si des industriels décidaient de les incorporer à un aliment dans des proportions anti-naturelles, une dépendance pourrait être créée envers cet aliment, et les comportements modifiés en vue d’en augmenter la consommation.

DES ADDITIFS HYPERACTIFS ?

La chercheuse britannique Donna McCann et son équipe ont défrayé la chronique en 2007 avec leurs résultats liant l’hyperactivité des jeunes enfants et la composition de leurs aliments. Le comportement de 153 enfants âgés de 3 ans et de 144 enfants de 8 à 9 ans a été suivi après qu’ils eurent consommé un verre contenant un placebo ou différents mélanges de colorants associés à du benzoate de sodium, un conservateur alimentaire.
Des suspicions existaient déjà, mais le doute se renforçait. Les enfants, quel que soit leur âge, ont présenté plus de symptômes d’hyperactivité après avoir absorbé des cocktails de colorants alimentaires et différents additifs…
Selon les chercheurs, ces produits exacerbent donc les comportements des jeunes. Comme ils ne sont pas indispensables, fuyez-les !



DE FUTURES SOUMISSIONS SONT-ELLES POSSIBLES ?
Dès lors, le champ des possibles en matière de soumission alimentaires reste ouvert. Les études ne manquent pas, expliquant les effets de telle ou telle molécule liée aux aliments sur notre psychisme. La sérotonine, par exemple, quand elle vient à manquer, est liée à des états dépressifs. Or, sa synthèse n’est autre que dépendante, notamment, du tryptophane, un acide aminé que le corps ne peut pas synthétiser et qui doit être apporté par la nourriture. L’acétylcholine, un autre neuromédiateur naturel qui joue sur les troubles de l’humeur, est, quant à elle, en partie dépendante de la vitamine B1 pour être synthétisée. Même relation entre la vitamine B6 et la dopamine, molécule des comportements et de la pensée. De là à chercher à améliorer les apports de ces molécules afin d’améliorer l’équilibre psychique, le tout via des aliments surenchéris, il n’y a qu’un pas. Influencer le cerveau par l’alimentation ne relèvera alors plus de la science-fiction, mais bel et bien d’un choix délibéré, pour préférer certains produits à ceux des concurrents. L’état actuel de la réglementation n’interdit pas formellement d’ajouter des ingrédients « naturels » à une composition, mais il ne s’agit tout de même pas de farine ou d’œufs ! Au-delà des additifs, des ingrédients sont aujourd'hui utilisables en toute légalité, seul ou en cocktail de plusieurs dizaines d’entre eux, qui rendent du coup l’estimation difficilement évaluable. Quand la liste totale des ingrédients est fournie… ce qui n’est pas toujours le cas.

LE SYSTÈME EST D’ORES ET DÉJÀ EN MARCHE
Le « conditionnement » des consommateurs est en tout cas d’ores et déjà pratiqué sous différentes formes. Sous des prétextes de meilleure conservation, mais aussi de santé, on a ajouté à nos aliments des additifs en tout genre, des probiotiques ou encore de l’aspartame, venu remplacer le sucre. Ces nouveaux aliments, dits « alicaments », étendent bel et bien leur règne dans nos rayons. Les agro-industriels ont même tenté des aliments à visées… cosmétiques. En nous nourrissant mieux de l’intérieur, ils étaient censés améliorer notre peau ! L’étiquette « scientifiquement prouvé », comme souvent, donne sa bénédiction à ces produits aux yeux des consommateurs, alors que bien des études présentées sont d’une faiblesse déconcertante.

UNE RÉGLEMENTATION À FAIRE ÉVOLUER
Dans ce contexte, et en présence d’une réglementation inadaptée, comment ne pas craindre l’adjonction de produits plus spécifiques, agissant directement sur le comportement des consommateurs ? Une substance ne peut être employée à titre d’additif que si elle est autorisée (liste positive). Mais connait-on la nature des extraits végétaux présents dans certains sodas ? Est-ce un ingrédient (tous doivent être mentionnés), un additif (sa mention est obligatoire après autorisation), un arôme (sa mention doit être explicite, même s’il existe des dérogations en fonction de la teneur) ?

La nature des extraits végétaux présents dans certains sodas n'est pas toujours connue. Certains fabricants, comme Coca-Cola, revendiquent même l'usage de formules "secrètes".

Certains fabricants eux-mêmes revendiquent l’usage de formules « secrètes ». Chez Coca-Cola, par exemple, on affirme que « ses extraits végétaux (arômes natures) constituent notamment sa recette de fabrication unique ». « La composition aromatique de Coca-Cola fait partie du patrimoine intellectuel de la société » et, « comme chez la plupart des fabricants de produit alimentaires, cette recette de fabrication n’est pas divulguée » ! (Source : AFP du 10 Mars 2011). Au moins, c'est clair.
Qu’en est-il de la transparence, alors que les médecins n’ont même pas accès à ces informations, ne serait-ce que pour donner des conseils aux personnes allergiques à certains composants ou présentant, par exemple, des troubles du fonctionnement des reins ?
Afin d’anticiper l’arrivée de produits psychoactifs dans nos denrées –si ce n’est déjà fait-, il est urgent de disposer d’une réglementation adaptée pour que l’alimentation continue d’accomplir son but premier : nous nourrir et participer au bon fonctionnement de notre corps.


Bon à savoir                 LES NEUROSCIENCES A BON ESCIENT
Dans un rapport de 2010, le Centre d’analyse stratégique propose d’utiliser les rapports des neurosciences pour améliorer les stratégies de prévention en santé publique, comme celles du Programme national nutrition santé. A la clé une communication plus ciblée et plus adaptée. Ce document relate par exemple, des expériences qui ont analysé le regard des téléspectateurs vis-à-vis des bandeaux sanitaires apparaissant au bas des écrans. Trop sobre et récurrents, ils n’attirent pas l’attention…